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sable, cette circonstance se présente rarement. Le processus de la respiration échappe à la conscience et personne ne semble se douter de son immense importance.

Cependant, il ne suffit pas de respirer de l’air, il faut que cet air ait encore la composition qui nous est nécessaire, tant au point de vue chimique qu’au point de vue biologique. En ce qui concerne la composition chimique, on sait les immenses efforts que doit faire l’homme pour avoir de l’air pur. Si l’air, en général, ne coûte rien, l’air pur est, au contraire, une denrée parfois très rare et d’un prix très élevé. On n’ignore pas quelle atmosphère malsaine règne dans la plupart des maisons de nos villes, surtout dans les appartements des pauvres. On a dépensé, dans ces dernières années, des milliards pour modifier la composition chimique de l’air dans les grands centres urbains de notre continent. Mais il reste beaucoup à faire. Le jour semble encore lointain où l’air pur, dans nos vastes cités, pourra devenir l’apanage de tout le monde. Aussi, désespérant d’avoir l’air pur dans les villes, l’homme fait de grands efforts pour se procurer cet air à la campagne, soit pendant toute l’année, soit pendant des villégiatures plus ou moins longues. On fait des voyages pour respirer de l’air frais sur les montagnes ou au bord de l’Océan. Par malheur, le nombre des privilégiés qui peuvent se permettre ce luxe est beaucoup trop restreint dans les sociétés civilisées.

Mais la composition chimique de l’air n’est pas tout. Il y a encore sa composition biologique. L’air est rempli de bactéries, dont un grand nombre sont si dangereuses que nous succombons toujours sous leur attaque. À ce point de vue, il s’établit entre l’air, saturé de microbes, et nous une lutte dont l’âpreté et l’importance dépassent, dans une mesure énorme, celles de toutes les autres luttes auxquelles l’homme se livre pendant la vie. Qu’est-ce que la bataille la plus sanglante, Leipzig ou Waterloo, en comparaison des batailles que l’homme livre constam-