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de Ratzenhofer. Il dit que les hordes primitives ne pouvaient pas entrer en contact sans s’exterminer. Mais lorsqu’un combat se livrait entre deux hordes et que le vainqueur forçait le vaincu à entrer dans son association pour constituer l’État, cela ne pouvait avoir lieu que si le vainqueur n’exterminait pas le vaincu. Alors, ou il faut reconnaître que cette prétendue extermination complète est une pure fantaisie, ou que jamais une association plus vaste que la horde n’aurait pu se former dans le genre humain.

Nous avons des preuves directes que, depuis une période assez reculée, des groupes humains, même assez éloignés les uns des autres, avaient établi entre eux des contacts qui n’étaient pas tous des homicides collectifs. On sait que le commerce a existé dès l’époque néolithique, puisqu’on rencontre en Europe des objets de provenance asiatique. Je ne parle plus des Phéniciens qui pratiquaient de nombreux échanges avec les populations de l’Europe occidentale à l’époque où celles-ci vivaient encore à l’état de petits groupes consanguins.


Les romans anthropologiques dont je viens de parler ne sont assurément pas les seuls qui aient été inventés dans ces dernières années. J’en signalerai un autre, fort curieux, qui ne se rattache pas directement au sujet de ce livre, mais dont la vogue a été extraordinaire. C’est la prétendue origine asiatique des Aryens. Se laissant guider inconsciemment par le récit biblique de la création, des philologues allemands et français affirmèrent sérieusement, comme un fait positif et incontestable, que la race aryenne était née sur le plateau du Pamir ou au pied de ce plateau. Il n’y avait pas la moindre preuve matérielle démontrant cette affirmation. Elle était sortie tout armée du cerveau de quelques linguistes. Elle était donc purement subjective et constituait un véritable roman. Cependant cette théorie fut acceptée par le monde savant de l’Europe sans