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communications n’existaient pas. Les hommes ne savaient pas ce qui se passait à une très faible distance de leur habitat. Comment, dans ces conditions, combiner une politique savante et habile ?

Ratzenhofer oublie encore que les expéditions de banditisme et de conquête sont devenues des entreprises publiques à une époque relativement récente. À l’époque primitive, ces expéditions étaient des affaires privées. Elles ne constituaient pas la fonction spéciale des chefs de hordes. Enfin, à l’époque primitive, il ne pouvait pas y avoir de politique suivie, parce que les hommes étaient profondément ignorants et avaient la mémoire très courte. Tout s’oubliait vite avant l’invention de l’écriture. Même de nos jours, aucun État civilisé n’a de politique suivie et consciente d’une fin déterminée. On peut se représenter ce qu’il en était il y a 200.000 ans ! Or, sans politique suivie. les « parties d’échecs » dont parle Ratzenhofer étaient impossibles. Je le répète, tout son tableau des relations entre hordes primitives est d’une invraisemblance à nulle autre pareille.

Mais Ratzenhofer propose une alternative : ou les tribus primitives se livraient un combat d’extermination, ou elles évitaient les contacts. Cette seconde supposition soutient la critique encore moins que la première. En effet, si les hordes humaines avaient toujours évité tout contact mutuel, jamais il ne se serait formé sur la terre de groupements dépassant quelques dizaines ou quelques centaines d’individus. Il a bien fallu que les hordes restassent en contact puisqu’il s’est fondé des cités et des États. Les darwiniens disent que ces associations supérieures ont été formées par la force et par la seule force. Mais, de nouveau, ils l’affirment parce que cela leur plaît ainsi. Ils n’ont pas la preuve directe que les hordes ne se soient jamais amalgamées autrement que par la force. Je discuterai cette question plus loin, au chapitre xvii. Ici je dois signaler seulement une contradiction de plus