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sont poussés par la nature de leur alimentation à vivre d’une vie solitaire. Ce n’est pas le cas chez les herbivores et les fructivores, qui vivent généralement en troupeaux (éléphants, bisons, singes, etc).


II

Après ces considérations générales, à la frontière de la zoologie et de la sociologie, examinons les romans anthropologiques sous leurs aspects plus particuliers.

Partons de l’alimentation. J’ai déjà parlé de cette question en l’envisageant au point de vue de la logique du raisonnement[1]. Ici, je veux exposer le point de vue des sociologues darwiniens. « Les produits alimentaires se faisant de plus en plus rares, par suite de l’accroissement de la population, dit G. Ratzenhofer[2], les individus furent poussés à lutter pour l’existence. Deux voies s’ouvraient alors devant les hommes : ou bien travailler pour se procurer des subsistances, et, par une meilleure organisation, se tirer d’affaire sur l’habitat primitif, malgré l’accroissement de la population, — ce qui est le commencement de la civilisation, — ou bien attaquer leurs semblables et leur imposer la servitude pour avoir une somme de subsistances supérieure, — ce qui est la lutte violente et la politique de contrainte. Les conditions du milieu poussèrent les sociétés dans l’une ou l’autre de ces directions. À l’origine, seuls les hommes dont l’ambiance offrait de grands avantages purent se décider pour la civilisation ; ceux qui se trouvaient dans des conditions défavorables furent obligés de choisir la guerre et la violence. »

Avant toute chose, une première remarque, qui s’appliquera ensuite à tous les exemples que je vais rapporter plus loin. Ratzenhofer n’était pas présent au moment où les hommes ont pris parti, les uns pour le travail, les autres

  1. Voir plus haut, p. 162 et plus bas, p. 260.
  2. Sociologische Erkentniss, p. 245.