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n’ont pas laissé de descendants. De là, après une suite de siècles, l’allongement du cou qui caractérise cette espèce.

Ces explications ne soutiennent pas la critique, et les objections se présentent en foule à l’esprit pour les combattre.

D’abord, pourquoi, à un certain moment, les ancêtres de la girafe ont-ils voulu se nourrir de feuilles d’arbres à ramures plus ou moins élevées ? Pourquoi n’ont-ils pas voulu manger de l’herbe, comme mille autres espèces herbivores, ou des pousses basses ? Ce qui a induit la girafe à préférer les feuilles des arbres n’était pas une nécessité, puisque les girafes auraient pu toujours choisir, comme habitat, des pays où il y avait de l’herbe ou des arbustes. Mais passons. Admettons que la girafe ait été forcée par la lutte pour l’existence à se nourrir de feuilles poussant à une hauteur plus ou moins considérable. Il est évident qu’un accroissement de cou de deux ou trois centimètres n’assurait pas à une girafe plus d’avantages qu’à une autre. Les feuilles des arbres ne sont pas à un niveau uniforme que l’on ne peut atteindre que lorsqu’on a un cou d’une longueur mathématiquement précise. Les feuilles se trouvent à des hauteurs très diverses, et quelques centimètres de plus ou de moins ne jouent aucun rôle.

Faisons, cependant, encore cette concession. Une girafe, ayant un cou plus long de trois centimètres, a eu un avantage dans la lutte pour l’existence et a survécu. Sa voisine, ayant un cou de trois centimètres plus court, a succombé. Certes, si l’on pouvait affirmer qu’une girafe a eu, soudain, un cou d’un mètre plus long que sa voisine, cette différence aurait pu avoir des conséquences sur sa vie. Mais une variation soudaine d’un mètre entier ne serait pas une variation lente.

Voilà donc la girafe avec un cou plus long de trois centimètres. Elle a une supériorité ; elle survit. Mais encore faut-il qu’elle transmette cet avantage à ses descen-