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était, au contraire, le réalisme même. En effet, si l’on affirme qu’il n’y a pas d’harmonies économiques, on nie l’existence même de la vie, car on nie que l’association procure une intensification de vie. Or, nier que l’association soit avantageuse, c’est nier la vie, puisque tout être vivant est une association. S’il n’y avait pas d’harmonies économiques, cela reviendrait à dire que la dissociation vaut mieux pour l’homme que l’association, que la souffrance vaut mieux que la jouissance, et la mort mieux que la vie. Le pessimisme social, qui règne de nos jours et qui conteste l’existence des harmonies économiques, se ramène à affirmer, en définitive, que l’association n’intensifie pas la vie, ce qui est absolument contraire à tous les faits observés en biologie. C’est donc le « bon » Bastiat, et non ses adversaires contemporains, qui est le plus près de la biologie, donc de la réalité positive et concrète, et non des abstractions et des chimères.

Pour savoir si un raisonnement est juste, il faut le mener jusqu’au bout : « Les harmonies économiques sont incontestables, donc l’association exalte la vie, donc l’association la plus grande possible, celle du genre humain tout entier, procurera le maximum possible de bien-être. » Nul ne contestera cette proposition : donc elle est vraie. Voyons maintenant la proposition contraire : « Il n’y a pas d’harmonies économiques, l’opposition des intérêts est complète entre les hommes, donc l’association n’exalte pas la vie, donc la suppression totale de l’association serait le bien suprême, donc un individu resté seul sur la terre (ce qui constituerait la suppression totale de la société) jouirait du maximum de bien-être. » Tout le monde comprend que cette proposition est fausse. De nouveau, Bastiat a raison et ses contradicteurs ont tort : les harmonies économiques sont des réalités, les prétendus antagonismes sont des chimères.

Les hommes n’ont eu, jusqu’à présent, qu’une compréhension vague et intuitive des avantages de l’asso-