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LA NATURE

liés à la même impression. Si on obtenait ainsi quelques mouvements, qui seraient comme l’alphabet de la Nature, il deviendrait de plus en plus facile de la déchiffrer, et le pouvoir qu’il aurait acquis sur la génération de la pensée et les émotions, ou les mouvements, mettrait l’observateur en état de faire naître des pensées naturelles et d’ébaucher des compositions naturelles alors même qu’il n’y aurait pas d’impression réelle antécédente ; et de la sorte, le but serait atteint.

Il est bien hasardeux, reprit un autre, de vouloir ainsi récompenser la Nature de l’aide de ses forces et de ses phénomènes extérieurs, et de la faire passer, tantôt pour un feu monstrueux, tantôt pour un accident étrangement conformé, tantôt pour une dualité ou une trinité ou pour quelque autre force singulière. Il serait plus vraisemblable qu’elle fût le produit d’un incompréhensible accord d’êtres infiniment différents, le lien miraculeux du monde spirituel, le point de jonction et de contact d’univers innombrables.

Eh bien ! qu’on le hasarde, dit un troisième. Plus le filet que lance le hardi pêcheur est capricieusement tissé, plus la capture est abondante. Qu’on encourage, simplement, tout homme à poursuivre sa route aussi loin que possible, et que chacun soit le bienvenu qui enveloppe les choses d’une fantaisie nouvelle. Ne pensez-vous pas que ce sera précisément aux systèmes bien combinés que le futur géographe de la Nature empruntera les points de repère de sa grande