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LES DISCIPLES À SAÏS

cet ensemble merveilleux dans lequel notre corps nous introduit, et que nous apprenons à connaître dans la mesure de sa constitution et de ses facultés. Reste à savoir si nous pouvons apprendre à comprendre vraiment la nature des natures par cette Nature spéciale, et dans quelle mesure nos pensées et l’intensité de notre observation sont déterminées par elle ou la déterminent, et par là s’écartent de la Nature et troublent, peut-être, sa tendre condescendance. On voit donc que ces relations et ces dispositions intérieures de notre corps doivent être examinées tout d’abord, avant que nous puissions espérer de répondre à cette question et de pénétrer la nature des choses. Il faut se dire aussi, qu’en général, il est nécessaire que nous nous soyons exercés à penser de mille manières, avant que nous abordions la composition intérieure de notre corps, et que nous puissions employer son intelligence à l’intelligence de la Nature, et rien ne serait plus naturel que de susciter tous les mouvements possibles de la pensée et d’acquérir à ce jeu une aptitude et une facilité qui permissent de passer de l’un à l’autre, de les réunir et de les analyser de mille façons diverses. Enfin, il faudrait attentivement considérer toutes les impressions, observer étroitement le jeu de pensées qu’elles font naître ; et si de nouvelles pensées surgissaient encore, il faudrait les examiner à leur tour, afin de pénétrer ainsi, peu à peu, leur mécanisme, et d’apprendre à distinguer et à séparer des autres, par une répétition fréquente, les mouvements constamment