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LA NATURE

ténèbres. C’est alors que le soleil déposera son sceptre sévère, qu’il redeviendra étoile au milieu des étoiles et que toutes les races de l’univers, se réuniront après une longue séparation. Alors se rencontreront les vieilles familles orphelines, et chaque jour verra de nouvelles salutations et de nouveaux embrassements. Alors, les anciens habitants de la terre reviendront l’habiter ; sur cette colline s’élève une cendre qui vient de s’éclairer, partout se dressent les flammes de la vie, d’anciennes demeures sont rebâties, des temps anciens sont renouvelés, et l’histoire devient le rêve d’un présent sans limites.

Que celui qui appartient à cette race et qui a cette foi, que celui qui veut participer à ce défrichement de la Nature, fréquente l’atelier de l’artiste, qu’il écoute la poésie insoupçonnée qui filtre à travers toutes choses, qu’il ne se lasse jamais de contempler la nature et d’avoir commerce avec elle, qu’il suive partout ses indications, qu’il ne s’épargne point, alors qu’elle lui fait signe, une marche pénible, quand même il lui faudrait passer des marécages ; il trouvera sûrement d’indicibles trésors, la petite lampe du mineur attend déjà à l’horizon, et qui sait les célestes secrets auxquels l’initiera une habitante merveilleuse des royaumes souterrains ?

Mais nul, certes, ne s’éloigne du but plus que celui qui s’imagine qu’il connaît déjà le singulier royaume, et qu’il peut en quelques mots sonder sa constitution et trouver partout le bon chemin. L’intuition ne naîtra pas spontanément en celui