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LES DISCIPLES À SAÏS

menèrent au jour les trésors cachés de la terre, domptèrent les torrents effrénés, peuplèrent la mer inhospitalière, rapportèrent dans les zones désertes les animaux et les plantes de jadis, arrêtèrent l’envahissement des forêts, cultivèrent les plantes et les fleurs supérieures, ouvrirent la terre à l’attouchement vivifiant de l’air générateur et de la lumière qui enflamme, enseignèrent aux couleurs à se mêler et à s’ordonner en images qui charment, apprirent aux bois et aux prairies, aux fontaines et aux rocs à redevenir des jardins harmonieux, insufflèrent aux membres vivants des tons mélodieux pour les développer et les faire se mouvoir en sereins balancements, adoptèrent les animaux pauvres et abandonnés qui se prêtaient aux mœurs des hommes, et purgèrent les forêts des monstres dangereux, avortements d’une fantaisie dégénérée.

Bientôt, la Nature rapprit des mœurs amicales. Elle se fit plus douce et plus réparatrice, et devint favorable aux désirs de l’homme. Peu à peu son cœur redevint humain, ses fantaisies se montrèrent plus sereines, son commerce se prouva plus facile. Elle répondit volontiers à l’interrogateur qui l’aimait, et c’est ainsi que graduellement paraît revenir l’âge d’or, où elle était une amie, une consolatrice, une prêtresse et une thaumaturge pour les humains, lorsqu’elle habitait parmi eux et que des relations célestes faisaient des hommes des êtres immortels. C’est alors que les étoiles, de nouveau, visiteront la terre contre laquelle elles s’étaient irritées en ces jours de