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INTRODUCTION

l’harmonie claire et douce, la pureté et l’étrange transparence qui caractérisent le génie du poète, mais il n’y faudrait pas chercher ce qu’il appelait lui-même « le noyau de son âme ».

Nous rencontrons ensuite, dans le recueil de Tieck, Les disciples à Saïs, l’admirable roman physique ou plutôt métaphysique dont on trouvera plus loin la traduction complète. Il est peu d’œuvres plus mystérieuses, plus sereines et plus belles. On dirait qu’il a gravi je ne sais quelle montagne intérieure que lui seul a connue ; et que du haut des cimes silencieuses il a vu à ses pieds la nature, les systèmes, les hypothèses et les pensées des hommes. Il ne résume pas, il purifie ; il ne juge pas, il domine sans rien dire. En ces grands dialogues profonds et solennels, entremêlés d’allusions symboliques qui vont parfois bien au delà de la pensée possible, il a fixé le souvenir de l’un des instants les plus lucides de l’âme humaine. Il suffit que le lecteur soit averti qu’il s’agit ici d’un de ces livres rares, où chacun, selon ses mérites, trouve sa récompense. L’œuvre est malheureusement inachevée. L’auteur avait, dès le début, franchi le cercle étroit des forces ordinaires et il a pu, plus longtemps qu’aucun autre, s’écarter de ce cercle. Mais un soir, il lui a bien fallu s’arrêter à son tour avant