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INTRODUCTION

proches. La vigne croît sur les bords de la Saale. On travaille aux salines et dans les mines de cuivre. Il y a de vieilles auberges basses, sous les tilleuls, au bord des routes, des tours en ruine sur les rochers ; et tout le confus sombre et vert, et malgré tout familial, maisons penchées, chaumes moussus et châteaux un peu noirs de l’Allemagne légendaire. On rentre la moisson en chantant sur les gerbes. On passe le petit pont sur le ruisseau de la forêt, on revient au village à midi et le soir ; et la vie comme partout, sous les étoiles ou le soleil, s’écoule dans l’attente.

En 1796, le poète, qui sait tant de choses, se prépare à vivre définitivement au moment où ses jours sont ironiquement comptés. Il entre dans l’administration des salines saxonnes. Mais quelques mois auparavant, le plus grand événement de sa vie pure et simple avait lieu, par hasard, sans bruit et sans éclat, comme tous les événements qui pénètrent dans l’âme.

Ce fut pendant un voyage en Thuringe où l’accompagnait le brave Just, qui devait devenir son biographe surpris et vague. Je laisse la parole à Ludwig Tieck, dont le récit tremble encore sous la rosée de ce premier amour : « Il était arrivé depuis peu à Cronstadt, quand, dans une maison de cam-