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INTRODUCTION

l’ami intime des deux Schlegel dont les belles traductions révélèrent Shakespeare à l’Allemagne. Il fut aussi l’ami de l’énorme Jean-Paul, si peu connu en France, Jean-Paul, le Rabelais romantique et mystique des Germains, le plus puissant, le plus désordonné, le plus intarissable, le plus chaotique et le plus doux des monstres littéraires. Puis, vers les derniers jours, c’est Ludwig Tieck, le bon et fidèle Tieck des légendes ingénues et limpides, qui s’approche et qui pieusement va réunir avec Schlegel les œuvres de l’enfant que la mort impatiente a saisi.

Mais la mort est encore au tournant de la route. Novalis a terminé ses études de droit. Il s’est appliqué aussi à la chimie et aux mathématiques. Il vient de Wittenberg et s’installe à Tennsted. Désormais, c’est entre Tennsted, Weissenfels et Grüningue en Thuringe que s’écouleront les quelques années qui lui sont accordées pour accomplir son œuvre. La destinée, qui sait ce qu’il faut faire et tire des quelques hommes qui l’intéressent tout ce qu’il est possible d’en tirer, le fixe dans ces petites villes endormies, familières et patriarcales de l’Allemagne centrale. On voit sans peine les entours. Il y a de grands arbres ; des pins surtout, et des montagnes, les Erzbirge, les monts qui contiennent des métaux. Le Harz et la grande forêt thuringienne sont