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INTRODUCTION

d’entre nos maîtres avaient parlé en vain durant bien des années.

Le philosophe, d’ailleurs, ne s’arrête pas longtemps parmi ses frères. « La philosophie, écrit-il quelque part, repose en ce moment dans ma bibliothèque. Je suis heureux d’avoir traversé ce labyrinthe de la raison pure et d’habiter de nouveau, corps et âme, les contrées rafraîchissantes des sens… La philosophie, on peut l’estimer très haut sans en faire la directrice de sa maison et sans se résigner à ne vivre que d’elle. Les mathématiques seules ne font pas le soldat et le mécanicien, et la philosophie seule ne forme pas un homme.

Mais nous nous trouvons en même temps dans le grand siècle littéraire de l’Allemagne. Gœthe, qu’il est si difficile de définir, l’homme aux mille aptitudes, l’Argus qui sourit gravement à toutes les vérités intérieures, allait donner son Faust et venait de publier Wilhelm Meister. Et Wilhelm Meister, ce livre décevant et inépuisable entre tous, s’attachait à Xovahs jusqu’à la mort. Novalis ne l’aimait pas, mais il y revenait sans cesse. Il en fut possédé et ne put plus l’abandonner. Dans le journal des dernières années de sa vie, l’événement le plus important du matin ou du soir, c’est tous les jours l’adoration impatiente et mécontente de