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FRAGMENTS

l’idéal ? — dans la mesure où il se détruirait lui-même. Pour qu’il agisse comme idéal, il faut qu’il ne se trouve pas dans la sphère de la réalité ordinaire. La noblesse du moi réside dans la libre élévation au-dessus de soi-même ; par conséquent, sous certains rapports, le moi ne peut être élevé, sinon son activité, sa jouissance, c’est-à-dire sa victoire, bref, le moi lui-même, cesserait. Le vice est un tourment qui croît éternellement : dépendance de l’involontaire. La vertu est une jouissance qui croît éternellement : indépendance de l’accidentel. De même que, de par son identité, les occasions d’être vertueux ne peuvent jamais faire défaut au vicieux, de même l’occasion de tomber ne peut jamais manquer à l’homme vertueux.

L’universel de tout instant demeure, car il est dans le tout. Le tout opère en chaque instant, en chaque phénomène. L’humanité, l’éternel sont omniprésents ; car ils ne connaissent le temps ni l’espace. Nous sommes, nous vivons, nous pensons en Dieu, car c’est l’espèce personnifiée. Pouvez-vous dire si c’est ici ou là ? C’est tout et c’est partout. En lui nous vivons, nous nous mouvons et nous serons. Tout ce qui est authentique dure éternellement, toute vérité, tout ce qui est personnel.

Où il y a un être, il faut qu’il y ait aussi une connaissance. L’œuvre écrite est une extériori-