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INTRODUCTION

Il serait difficile de trouver sur le genre de pensées où nous nous trouvons en ce moment, et qui dépasse les premières enceintes de l’âme, une notion plus acceptable que celle qu’en passant nous rencontrons ici : « La philosophie, — et il n’entend parler que d’une philosophie transcendante, — est une excitation du moi réel par le moi idéal. » Quant à la nature de ses pensées, il la détermine mieux que ne pourrait le faire le plus habile commentateur en disant « qu’elles sont accompagnées d’une sensation de fatalité, et qu’un être inconnu lui donne d’une manière étrange l’occasion de développer les plus évidentes d’entre elles ». L’évidence dont il parle est d’ailleurs cette évidence fugitive qu’on n’aperçoit qu’aux heures les plus claires de la vie. Mais ce que nous n’apercevons qu’à de longs intervalles, obscurément et sans que cela monte jusqu’en notre pensée, et sans qu’autre chose nous le révèle qu’une satisfaction inconnue et je ne sais quelle augmentation d’une force générale, il l’aperçoit tous les jours, et parvient à fixer une partie de ce qu’il aperçoit. S’il fallait le caractériser d’un mot, on pourrait dire que c’est un mystique scientifique, encore qu’il ne s’occupe d’une science qu’aux moments et aux endroits où elle est sur le point de se confondre avec la poésie. « Il y a une atmosphère divinatoire »,