Page:Novalis - Les Disciples à Saïs, 1914, trad. Maeterlinck.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxv
INTRODUCTION

caractère entièrement différent des autres, car elles sont accompagnées d’une sensation de fatalité, et cependant il n’y a pas de raison extérieure pour qu’elles naissent. Il semble que l’on prenne part à un dialogue, et que quelque être inconnu et spirituel nous donne d’une manière étrange l’occasion de développer les pensées les plus évidentes. Cet être doit être supérieur, puisqu’il entre en rapport avec nous d’une manière qui est impossible aux êtres liés aux apparences. Il faut aussi que cet être nous soit homogène, puisqu’il nous traite comme des êtres spirituels et ne nous appelle que fort rarement à l’activité personnelle. Ce moi supérieur est à l’homme ce que l’homme est à la nature ou le sage à l’enfant. L’homme s’efforce de lui devenir semblable, comme lui s’efforce de devenir semblable au non-moi. Il n’est pas possible d’établir ce fait ; il faut que chacun l’éprouve en soi. C’est un fait d’ordre supérieur que l’homme supérieur saisira seul ; mais les autres s’efforceront de le faire naître en eux. La philosophie est une auto-logie d’essence supérieure, une auto-manifestation : l’excitation du moi réel par le moi idéal. La philosophie est le fond de toutes les autres manifestations, et la résolution de philosopher est l’invitation faite au moi réel qu’il ait à prendre conscience, à s’éveiller et à devenir esprit. »