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FRAGMENTS

La philosophie ne doit pas expliquer la nature, elle doit s’expliquer elle-même. Toute satisfaction est solution de soi-même. Le besoin naît de la division, de l’influence étrangère, de la lésion. Il faut que cela se répare soi-même. L’auto-solution de la passion, cette auto-consomption de l’illusion, du problème illusoire est tout juste la volupté de la satisfaction de la passion. La vie est-elle autre chose ? Le désespoir, la peur de la mort est précisément une des plus intéressantes illusions de ce genre. Cela commence sthéniquement comme une tragédie, cela se termine asthéniquement, et par là-même devient une sensation pacifiante, une pulsation de notre vie sensitive. Cela peut aussi commencer asthéniquement et finir sthéniquement. C’est tout un. Une tragédie qui nous laisse trop de mélancolie n’a pas commencé assez sthéniquement. Toute histoire contient une vie, un problème qui se résoud lui-même. Ainsi toute vie est une histoire.

Celui qui regarde la vie comme autre chose qu’une illusion qui se détruit elle-même, est encore prisonnier de la vie.

Le dithyrambe, parmi les gestes sensibles, est l’embrassement. Il faut donc qu’il soit jugé d’après les lois de sa nature.