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FRAGMENTS

les premiers-nés, ne trouvera pas à la seconde innocence la même saveur qu’à la première, encore que celle-là vaille plus que celle-ci. Maintes choses ne peuvent apparaître qu’une fois, parce que cette singularité appartient à leur essence. Notre vie est absolue et indépendante à la fois. Nous ne mourrons que dans une certaine mesure. Notre vie doit être ainsi, en partie, membre d’une vie plus vaste et commune.

La vie ordinaire est un sacerdoce semblable à celui des Vestales. Nous ne sommes occupés à rien autre qu’à l’entretien d’une flamme mystérieuse et sacrée, une flamme double, à ce qu’il semble. La manière dont nous l’entretenons dépend de nous. Cette manière dont nous l’entretenons serait-elle peut-être la mesure de notre fidélité, de notre amour, de notre sollicitude envers l’au-delà, le caractère de notre essence ? le signe symbolique et sûr de notre piété, c’est-à-dire de notre être ?

Saisons, heures, vie et destin sont, chose remarquable, entièrement rythmiques et métriques. Dans tous les métiers, dans tous les arts, toutes les machines, les corps organiques, nos travaux quotidiens, partout : rythme, mesure, mélodie. Tout ce que nous faisons avec une certaine facilité, sans le savoir, nous le faisons rythmiquement. Le rythme se trouve partout, se glisse partout. Tout mécanisme est métrique, rythmi-