Page:Novalis - Les Disciples à Saïs, 1914, trad. Maeterlinck.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
FRAGMENTS

Plus d’un genre de specticisme n’est que de l’idéalisme qui n’est pas mûr. Le réaliste est un idéaliste qui s’ignore. L’idéalisme brut, de première main, est le réalisme.

Le cœur est la clef du monde et de la vie. Nous vivons en cet état de détresse pour aimer et pour avoir besoin de l’aide de notre prochain. Par l’affection on devient susceptible de l’action des autres, et cette action étrangère est le but. Dans les maladies, les autres seuls peuvent et doivent nous aider. Ainsi, à ce point de vue, le Christ est, sans doute, la clef de l’univers.

Chez celui qui a beaucoup d’esprit, en un certain sens, tout devient unique, — ses passions, sa position, ses aventures, ses penchants ; bref, tout ce qui le touche devient absolu — fatalité.

Un naufrage commun, etc., est la bénédiction nuptiale de l’amitié et de l’amour.

La véritable innocence ne périt pas plus que la véritable vie. L’innocence ordinaire n’existe qu’une seule fois, comme l’homme, et ne revient pas plus que lui. Celui qui, comme les dieux, aime