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INTRODUCTION

la plus haute, voilà en deux mots ce qu’il cherche, ce qu’il a la volonté bien arrêtée de conquérir, et la prétention, sinon d’enseigner, car ses conquêtes ne s’enseignent guère, du moins de laisser entrevoir. » Novalis ne s’occupe pas expressément de théosophie, de théurgie, de pneumatologie transcendante, de cosmologie métaphysique, ni de tout ce qui se trouve dans les cercles spéciaux de la mystique proprement dite. C’est un mystique presque inconscient et qui n’a pas de but. Il pense mystiquement, puisqu’une pensée qui communique d’une certaine façon avec l’infini est une pensée mystique. Il faut rechercher en tout lieu des pensées de ce genre, car ce sont les seules dans lesquelles notre âme vive véritablement, et, comme ces pensées sont fort rares, il faut se contenter des moindres tentatives et des moindres indices. Je ne viens pas vous dire que Novalis soit un être admirable entre tous. Son enseignement est bien vague et il n’apporte pas de solution nouvelle aux grandes questions de l’essence. Mais quelques-unes de ses pensées sont vraiment imprégnées de l’odeur spéciale de notre âme, et vous reconnaîtrez sans peine cette odeur qu’aucune langue ne pourra jamais définir. Il a su donner des vêtements mystiques à un certain nombre de choses de la terre ; et ce sont les vêtements les plus