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FRAGMENTS

maintenant des saturnales littéraires. Plus la vie est bariolée, mieux elle vaut.

Shakespeare m’est plus obscur que la Grèce. Je comprends la farce d’Aristophane, mais de longtemps encore je ne pénétrerai pas celle de Shakespeare. La farce, pour être poétique, doit être absolument hors de la nature et masque.

Peut-être dois-je mes bonnes idées à cette circonstance que je ne reçois pas une impression complètement formée et d’une manière bien déterminée, mais qu’elle ne pénètre qu’en un point, qu’elle demeure indéterminée et susceptible d’absolu.

Une œuvre d’art est un élément spirituel.

Une particularité remarquable de Gœthe est son habileté à rattacher des accidents insignifiants à des événements graves. Il semble n’avoir en ceci d’autre but que de poétiquement occuper d’un jeu mystérieux, notre imagination. Ici aussi l’homme extraordinaire a suivi les traces de la nature et lui a dérobé un gracieux artifice. La vie ordinaire est pleine de choses de ce genre. Les choses forment un jeu qui, comme tous les jeux, aboutit à la surprise et à la déception. Plusieurs croyances de la vie ordinaire reposent sur l’observation de cette connexité renversée. C’est ainsi, par exemple, que les mauvais rêves