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FRAGMENTS

Tous les événements qui, de nos jours, ont eu lieu en Allemagne, ne sont encore que des signes frustes et sans suite, mais ils révèlent à l’œil de l’historien une individualité universelle, une histoire et une humanité nouvelles, le doux embrassement d’une Église jeune et surprise et d’un Dieu plein d’amour ; et, répandue à la fois en ses mille membres, la conception profonde d’un messie nouveau. Qui n’est plein de la douce pudeur d’un bon espoir ? Le nouveau-né sera l’image de son père, ce sera un nouvel âge d’or aux yeux sombres et infinis, ce sera un temps prophétique, miraculeux et guérisseur de nos blessures, un temps consolateur et qui brûle des flammes de la vie éternelle, un temps de réconciliation. Ce sera un sauveur, un génie véritable, qui sera frère des hommes, en qui l’on croira mais qu’on ne pourra voir, et qui cependant sera, sous mille formes, visible à ceux qui croient, qu’on mangera et qu’on boira comme le pain et le vin, qu’on embrassera comme un amant, qu’on respirera comme l’air, qu’on entendra comme on entend une parole et un chant, et qu’on accueillera, au milieu de voluptés célestes, comme la mort parmi les suprêmes tourments de l’amour dans les profondeurs du corps enfin calmé…

La forme accidentelle du christianisme est à peu près anéantie. Le vieux papisme est enterré