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FRAGMENTS

muns, le sens de la chose en soi, le vrai sens de la divination (deviner, percevoir une chose, sans motif, sans contact). Le mot sens qui se rapporte à une connaissance immédiate, à un contact, à un mélange n’est pas tout à fait propre ici. Mais c’est une expression infinie, de même qu’il y a des grandeurs infinies. Le propre ne peut être exprimé ici qu’approximativement, faute de mieux. — Agir moralement et agir religieusement sont aussi deux choses intimement unies. On aura en vue la complète harmonie intérieure et extérieure ; on accomplira à la fois la loi et la volonté de Dieu, l’une et l’autre pour lui-même. Il y a ainsi une manière d’agir morale, unilatérale, et une manière d’agir religieuse, unilatérale.

Les miracles peuvent-ils convaincre ? ou bien la véritable conviction, cette fonction la plus haute de notre âme et de notre personnalité, serait-elle le seul vrai miracle annonçant Dieu ? Chaque miracle doit demeurer en nous, isolé, sans lien avec le reste de notre conscience, un rêve. Mais une profonde conviction morale, une contemplation divine, voilà qui serait un véritable et permanent miracle.

Est-ce que certaines bornes intellectuelles, ou certaines imperfections existeraient à cause de, ou pour la religion, comme la détresse existe à cause de, ou pour l’amour ? Nous nous sommes faits hommes pour être alliés, d’une manière