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FRAGMENTS

La véritable popularité est le but suprême des hommes…

Toute supériorité mérite l’ostracisme. Il est bon qu’elle s’y condamne elle-même : tout absolu doit sortir de ce monde. Dans le monde, il faut vivre avec le monde. On ne vit que lorsqu’on vit selon les hommes avec lesquels on vit. Tout le bien dans ce monde vient du dedans (et ainsi du dehors par rapport à lui), mais il ne fait que traverser comme un éclair. La supériorité mène le monde plus avant, mais il faut aussi qu’elle s’éloigne bientôt.

L’homme a cherché à faire de l’État l’oreiller de la paresse ; et cependant il faudrait que l’État fût tout juste le contraire : c’est une armature de l’activité tendue. Son but est de rendre l’homme absolument puissant et non absolument faible, d’en faire, non le plus paresseux mais le plus actif des êtres. L’État n’épargne pas de peines à l’homme, mais augmente, au contraire, ses peines à l’infini ; mais non sans augmenter ses forces en proportion. La route vers le repos ne passe que par les domaines de l’activité qui embrasse toutes choses.

Il n’y a pas, à proprement parler, de malheur en ce monde. Le bonheur et le malheur s’équilibrent toujours. Tout malheur est semblable à