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FRAGMENTS

Ce qui est intéressant, c’est ce qui m’émeut non pour moi-même, mais seulement comme moyen, comme membre. Le classique ne me trouble pas ; il ne me touche qu’indirectement, par moi-même. Il n’est pas là, pour moi, comme classique quand je ne l’envisage pas comme tel ; comme une chose qui ne me toucherait pas si je ne m’excitais pas à faire naître ce qui m’est destiné ; si je ne dégageais pas une partie de moi-même et ne laissais pas se développer ce germe d’une façon particulière sous mes yeux, un développement qui ne demande souvent qu’un moment et qui coïncide avec la perception sensible de l’objet. En sorte que je vois devant moi un objet dans lequel l’objet ordinaire et l’idéal interpénétrés, ne présentent qu’un individu merveilleux.

L’humour est une manière arbitrairement assumée. C’est l’arbitraire qui en est le piquant. L’humour est le résultat du libre mélange du relatif et de l’absolu. Par l’humour, ce qui est relatif en soi, devient universellement intéressant et acquiert une valeur objective. Là où la fantaisie et le jugement se touchent, naît l’esprit ; là où s’allient le caprice et la raison, naît l’humour. Le persifflage appartient à l’humour mais se trouve à un degré plus bas ; il n’est plus purement artistique et est bien plus limité. Dans les âmes sereines il n’y a pas d’esprit, l’esprit indi-