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FRAGMENTS

Ce qu’on ne peut pas décomposer directement, il faut le décomposer indirectement ou idéalement, c’est-à-dire qu’il faut tâcher de l’énoncer ; on décompose alors l’apparence, l’expression, et l’on trouve les parties composantes et leurs relations.

À chaque concept, l’âme cherche un mot génétique-intuitif ; c’est ainsi qu’elle étymologise. Elle comprend un concept quand elle peut le dominer, le manier de toutes façons, en faire à son gré de l’esprit ou de la matière. L’universalisation ou la philosophistication d’un concept ou d’une image spécifique n’est rien autre qu’une éthérisation, une décorporisation, une spiritualisation d’un spécifique ou d’un individu. Il y a aussi un procédé inverse.

Le langage à la deuxième puissance, la fable, par exemple, est l’expression d’une pensée complète et appartient à l’hiéroglyphie de la deuxième puissance, à l’hiéroglyphie du son et de l’image. Il a des mérites poétiques et n’est pas rhétorique, subalterne, lorsqu’il est une expression complète, euphonique, juste et précise, lorsqu’il est une expression pour l’expression même, ou que tout au moins il n’apparaît pas comme moyen, mais est en lui-même une production complète de la faculté supérieure de parler.