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FRAGMENTS

l’émouvant ou le pénétrant pénètre promptement avant qu’on ait le temps de se ressaisir ; c’est une satiété, un ramollissement, une dissolution, une fusion. Le comique est une séparation, l’émouvant une absorption, l’un une volatilisation (de là le froid du comique), l’autre une coagulation, une solidification, d’où la chaleur. Pleurer et rire, avec leurs modifications appartiennent à la vie de l’âme, comme manger et séparer appartiennent à la vie du corps. Pleurer est le système des artères, rire celui des veines.

L’arbre ne peut devenir qu’une flamme fleurissante, l’homme une flamme parlante, l’animal une flamme errante.

Les membres à mouvements spontanés sont des sens dans l’acception stricte du terme. Le développement, la culture des sens appartient au problème de l’amélioration et de l’élévation graduelle de l’humanité. La culture et le développement de l’âme, voilà l’entreprise première et la plus importante. Nous avons déjà sous la main l’excitation extérieure et avec elle l’excitabilité ; maintenant, tout revient, avant tout, au développement et à la culture de la sensibilité, et de façon telle que ni l’excitabilité ni l’excitation extérieure n’en souffrent et ne soient négligées, sinon c’est tisser un tissu bien fragile. Les sens dans l’acceptation stricte, sont bien plus animés que les autres organes ; le reste du corps