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FRAGMENTS

pensées, et nous éprouverions un désir qui s’efforcerait de nous procurer ces sens que nous appelons à présent sens extérieurs. Peut-être que peu à peu, par des efforts divers, nous pourrions produire des yeux, des oreilles, etc. Attendu que notre corps serait alors en notre pouvoir, serait une partie de notre monde intérieur, comme notre âme l’est maintenant. Il ne faudrait pas que notre corps fût si absolument privé de sens, pas plus que notre âme. Qui sait s’il ne nous paraîtrait privé de sens que parce qu’il fait partie de nous-mêmes et que l’auto-séparation intérieure, par laquelle le corps deviendrait voyant, entendant et sensible pour notre conscience serait très difficile. Ici aussi naîtrait un moi absolument pratique et empirique.

Il ne faut pas que nous soyons simplement des hommes ; il faut aussi que nous soyons plus que des hommes. L’homme en général équivaut à l’univers. Ce n’est rien de déterminé. Cela peut et doit être en même temps quelque chose de déterminé et d’indéterminé.

Tout ce que fait l’homme est un homme ou (ce qui est la même chose) une partie de l’homme, un être humain.

Nous sommes près du réveil quand nous rêvons que nous rêvons.