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ix
INTRODUCTION

du côté de la vie extérieure et dans les champs connus de la raison humaine, « et tout flottait de nouveau, comme autrefois, devant leurs yeux ».

En vérité, c’est qu’il est difficile d’interroger son âme et de reconnaître sa petite voix d’enfant au milieu des clameurs inutiles qui l’entourent. Et, cependant, que les autres efforts de l’esprit importent peu quand on y songe, et comme notre vie ordinaire se passe loin de nous ! On dirait que là-bas n’apparaissent que nos semblables des heures vides, distraites et stériles ; mais, ici, c’est le seul point fixe de notre être et le lieu même de la vie. Il faut s’y réfugier sans cesse. Nous savons tout le reste avant qu’on nous l’ait dit ; mais, ici, nous apprenons bien plus que tout ce qu’on peut dire ; et c’est au moment où la phrase s’arrête et où les mots se cachent, que notre regard inquiété rencontre tout à coup, à travers les années et les siècles, un autre regard qui l’attendait patiemment sur le chemin de Dieu. Les paupières clignent en même temps, les yeux se mouillent de la rosée douce et terrible d’un mystère identique, et nous savons que nous ne sommes plus seuls sur la route sans fin…

Mais quels livres nous parlent de ce lieu de la vie ? Les métaphysiques vont à peine jusqu’aux frontières ; et celles-ci dépassées,