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LES DISCIPLES À SAÏS

de leurs longs voyages. Pleins de l’espoir et du désir de la sagesse, ils s’en étaient allés à la recherche des traces du peuple originel et perdu, dont les hommes d’aujourd’hui semblent les restes dégénérés et sauvages. C’est à sa haute civilisation que nous devons nos connaissances et nos instruments les plus précieux et les plus nécessaires. Avant tout, cette langue sacrée les avait attirés, qui avait été le lien éclatant entre ces hommes royaux et les contrées et les habitants supra-terrestres, et dont quelques mots, au dire de nombreuses légendes, avaient encore été en possession de quelques heureux sages parmi nos ancêtres. Cette langue était un chant miraculeux dont les sons irrésistibles pénétraient les profondeurs des choses et les analysaient. Chacun de ses noms semblait le mot de délivrance pour l’âme de tous les corps. Ses vibrations, avec une véritable force créatrice, suscitaient toutes les images des phénomènes de l’univers, et l’on pouvait dire d’elles, que la vie de l’univers était un dialogue éternel à mille et mille voix ; car dans ces paroles, toutes les forces, tous les genres d’activité semblaient unis de la plus incompréhensible manière. Rechercher les ruines de ce langage ou du moins rechercher tous les renseignements qu’il était possible de recueillir, tel avait été le but principal de leur voyage, et l’antiquité de son temple les avait attirés à Saïs. Ils espéraient obtenir ici des sages qui gardaient les archives du temple, des renseignements précieux, et peut-être trouveraient-ils eux-mêmes quelques éclaircissements dans les collections