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vi
INTRODUCTION

l’inaccessible. Il faut suivre un moment les traces des trois âmes que je viens de nommer. Elles sont allées, chacune de son côté, bien au delà des cercles sûrs de la conscience ordinaire, et chacune d’elles a rencontré des vérités qui ne se ressemblent pas et que nous devons cependant accueillir comme des sœurs prodigues et retrouvées. Une vérité cachée est ce qui nous fait vivre. Nous sommes ses esclaves inconscients et muets, et nous nous trouvons enchaînés tant qu’elle n’a point paru. Mais si l’un de ces êtres extraordinaires, qui sont les antennes de l’âme humaine innombrablement une, la soupçonne un instant, en tâtonnant dans les ténèbres, les derniers d’entre nous, par je ne sais quel contre-coup subit et inexplicable, se sentent libérés de quelque chose ; une vérité nouvelle plus haute, plus pure et plus mystérieuse prend la place de celle qui s’est vue découverte et qui fuit sans retour, et l’âme de tous, sans que rien le trahisse au dehors, inaugure une ère plus sereine et célèbre de profondes fêtes où nous ne prenons qu’une part tardive et très lointaine. Et je crois que c’est de la sorte qu’elle monte et s’en va vers un but qu’elle est seule à connaître.

Tout ce que l’on peut dire n’est rien en soi. Mettez dans un plateau de la balance toutes les paroles des grands sages, et dans l’autre