Page:Nouveau Bulletin des Sciences, Tome 1.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 138 )

matières composant ces courans a donné lieu à deux questions dont la solution est du plus grand intérêt pour la géologie, savoir :

1. Quelle opération a pu liquéfier les matières sentant de bases aux laves et leur conserver en même tems la constitution pierreuse ou lithoïde.

2. Quelle est l’époque où se sont formés les cristaux inclus dans les laves porphyritiques.

L’on a beaucoup disserté sur ces questions. Dolomieu pensoit que les laves lithoïdes étoient le résultat d’une application particulière du calorique qui agissant sur les matières, les mettoit dans un état de ramolissement sans les fondre ni les changer de nature, il pensoit aussi que les cristaux étoient préexistans dans les laves et que la vitrification ne s’opéroit que lorsque les matières ramollies se trouvoient en contact avec l’air dans les foyers supérieurs des volcans.

Un mémoire sur la fusion des laves et des whinstones, par M. Hall, des expériences faites par MM. Dartigues et Watt et des observations de M. Fleuriau de Bellevue, ont fait naître une opinion contraire, celle d’attribuer la formation des laves lithoïdes à la dévitrifîcation, opinion qui feroit passer toutes les laves lithoïdes par la fusion vitreuse pour les ramener à l’état de pierres. Ces mêmes savans attribuoient l’origine des cristaux inclus dans les laves porphyritiques à la même opération.

M. de Drée, obligé de classer la collection des laves qu’il possède et dont il va publier le catalogue, dans les œuvres de Dolomieu, sentit la nécessité de résoudre ces questions et il entreprit en conséquence une suite d’expériences dont le but étoit de rechercher si par une application non immédiate, mais communiquée de la chaleur ; si en empêchant la dissipation d’aucun des principes élémentaires et l’introduction d’aucun agent de décomposition, on pourroit parvenir à faire passer des roches à un état de liquéfaction qui leur permit de reprendre la constitution pierreuse en se consolidant.

M. de Drée a choisi pour ses expériences les roches qui lui paroissoient devoir être la matière première de certaines laves et principalement des porphyres. Ses procédés ont été la fermeture de la matière dans des vaisseaux bien clos et quelquefois la compression. Il a placé dans des étuis de porcelaine ou des creusets de Hesse, le morceau le plus gros possible de la roche, et pour ne pas laisser de vide il a rempli les interstices avec cette même roche réduite en poudre impalpable, pressée le plus fortement possible. Il a recouvert ensuite la matière par une lame de mica (substance qui par son élasticité et sa