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la présidence de la république

tail, restés fidèles à la formule établie par leur prédécesseur Carnot.

Ad. Thiers fut à la fois chef d’État et premier ministre ; situation singulière que les circonstances avaient engendrée et qui répondait d’ailleurs au tempérament du président. L’ancien ministre de Louis-Philippe n’entendait point s’appliquer à lui-même la formule préconisée jadis par lui : le roi règne et ne gouverne pas. « Il avait pris l’habitude d’intervenir dans la moindre discussion et posait à tout moment la question de confiance. » Aucune loi ne précisant son rôle et ne limitant son action, il en profitait pour s’occuper minutieusement de chaque détail de l’administration, fût-ce en matière militaire. « L’armée de Paris, a écrit Jules Simon, ne faisait pas un mouvement sans ses ordres » et quant aux Affaires étrangères, il avait logé le ministre chez lui « pour avoir plus vite les nouvelles ». Les éminents services rendus par l’homme qu’on a justement appelé le « libérateur du territoire »[1] faisaient de lui, aux jours sombres de 1871, une sorte de gouvernant providentiel mais, dès que la vie nationale eût repris son cours, ce caractère tendit à s’effacer et les conflits se multiplièrent entre Thiers et l’Assemblée. Le message du 12 novembre 1872 par lequel le président, définitivement convaincu de l’inanité des tentatives de restauration monarchique, somma pour ainsi dire, l’Assemblée d’organiser

  1. La politique financière de Thiers, appuyée par les habiles mesures de son ministre des Finances, Pouyer-Quertier, lui avait permis d’assurer l’évacuation des départements envahis avant la date extrême fixée par le traité de Paix. Un jour à l’Assemblée, comme Thiers était attaqué, Gambetta le désignant aux applaudissements de la majorité, s’écria : le libérateur du territoire, le voilà.