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− II −

La ville de Rennes, détruite en partie par le terrible incendie de 1720 qui réduisit en cendres huit cent cinquante maisons formant trente-deux rues et places, n’a conservé que quelques rues avec leurs anciennes dénominations antérieures au XVIIIe siècle. Mais quand elle se releva de ses ruines, et que l’architecte Gabriel eut tracé les belles voies qui la sillonnent aujourd’hui, elle leur donna de préférence les noms des Gouverneurs ou des Intendants qui avaient présidé à sa reconstruction ou qui avaient laissé dans les annales locales ou dans l’histoire de la province le souvenir d’administrateurs habiles.

Quelquefois aussi une flatterie, dont le motif, d’ailleurs honnête et avouable, n’avait d’autre but que l’intérêt de la cité, poussait le corps municipal à donner à des rues les noms de personnages influents ou haut placés dont la protection pouvait à un certain moment être de quelque utilité pour la ville.

La Révolution arriva. D’abord quelques rues seulement virent leurs noms se modifier ; mais en 1792 la municipalité fit une Saint-Barthélemy presque générale des noms anciens : d’un seul coup quarante-deux rues ou places changèrent leurs dénominations.

Sous l’Empire quelques-uns des noms donnés pendant l’époque révolutionnaire disparurent, et à la Restauration on reprit presque toutes les dénominations antérieures à la Révolution, qui furent de nouveau modifiées pendant les Cent-Jours, et qui furent définitivement rétablies au retour de Louis XVIII. Quelques changements, amenés par les événements politiques, s’opérèrent encore en 1830, 1848, 1852 et 1870 : nous aurons l’occasion d’en parler en leur lieu.