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Ta pensée invisible et redoutable hante
Le disque éblouissant de tes miroirs de fer
Où se réfléchit l’arche immense de l’éther…
D’où vient donc que tes mains se sèchent d’épouvante,
Comme si tu touchais les grilles de l’enfer ?

Pourquoi donc, sous la paix des étoiles, la Terre
Te semble-t-elle plus vivante qu’autrefois ?
Est-ce que, dans le gouffre aux nocturnes parois,
Tout ce qui te parlait jadis vient de se taire ?
Est-ce que les Esprits d’en haut n’ont plus de voix ?

Pourquoi donc, cette nuit, toute l’angoisse humaine,
Cet océan, que tu croyais avoir sondé,
Bat-elle de son flot hurlant et débordé,
Marée inévitable, et sourde, et souterraine,
L’inexorable roc où ton trône est fondé ?

Pourtant son cri vers toi va depuis des années !
Le flot de ta pitié, qu’elle a tant attendu,
Hier, comme ce soir, à sa lèvre était dû,
Les mêmes pleurs brûlaient ses paupières tannées…
Pourquoi, jusqu’à ce soir, n’as-tu rien entendu ?

Est-ce donc que les Dieux ont trompé ta science ?
Muraient-ils, aux défis des bras désespérés,
Les portes aux grands arcs de tes palais sacrés ?
Est-ce donc qu’aujourd’hui, parce qu’ils font silence,
Ton oreille perçoit des bruits d’elle ignorés ?

Ô Conquérant ! l’azur n’est plein que de ton songe !
Et tout savoir est vain, si tu ne sais cela :
C’est ta Ville à tes pieds dont l’âme te parla,
Elle souffre, et sa plainte en échos se prolonge…

N’écoute plus marcher les astres… L’Homme est là.


LE PRÊTRE SUR SA TOUR


Sur la plus haute tour du Temple aux sept étages,
Magnifique en ta gloire empourprée, et debout,