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alors que les terribles engins furent employés pour la première fois — tomba en plein dans le campement de ma compagnie (8e du 8e bataillon des mobiles de la Seine). À ce moment-là, avec deux ou trois camarades, je faisais les cent pas le long d’un mur, afin de nous réchauffer un peu, car l’ordre avait été donné d’éteindre tous les feux pour ne pas fournir de points de mire à l’ennemi, et il gelait ferme. À la seconde même où éclata l’obus, je me trouvais au bout de cette petite promenade. Nous nous retournons, nous apercevons en l’air des corps, des fragments de mur et de terre glacée. Nous nous précipitons au secours de ceux qui ont « écopé ». Quelques secondes après, un second obus arrive, à deux mètres à peine du trou fait par le premier. La pièce de siège qui, des hauteurs de Raincy, nous envoyait ces formidables pruneaux avait été certainement laissée dans la même position de tir. Un troisième obus allait arriver sans doute, et au même endroit… À cette perspective, notre petit groupe recule, épouvanté. Notez