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l’Aiol il eût sans doute été du même avis que M. G. Paris qui, le premier, dans son Histoire poétique de Charlemagne (p. 212-3), a reconnu l’identité d’Aiol et de Montesinos, d’Élie et de Grimaltos. Ajoutons que bien que les circonstances qui accompagnent la naissance de Montesinos ressemblent à ce que disent certains romans de l’enfance de Rolant, elles n’en sont pas moins une copie de ce que dit notre poëme français de l’enfance d’Aiol ; quant à don Tomillas, nom du traître espagnol, qu’on l’appelle en français Makaire ou Ganelon, son type reste le même.

Toutes courtes qu’elles sont, ces romances espagnoles ont une valeur littéraire réelle ; le mouvement en est vif, le tour heureux, l’allure facile ; dans leur brièveté elles l’emportent de beaucoup sur la longue et fastidieuse compilation italienne que nous avons eu l’occasion d’étudier plus haut.


Nous voici arrivés à la fin de cette étude où nous avons vu notre chanson, poëme français primitif en vers de dix syllabes, être remaniée d’abord au xiiie siècle en vers de douze syllabes, puis imitée, directement par les Néerlandais, et indirectement, sans doute d’après une version en prose du xive siècle, par les Italiens et les Espagnols. L’Aiol mérite-t-il cet honneur et justifie-t-il la célébrité qu’il a eue en France et à l’étranger ? Sans vouloir le comparer aux chefs-d’œuvre de la littérature du moyen-âge, à Rolant, à Aliscamps, à Girart de Roussillon, nous pouvons répondre que oui. Le sentiment religieux et guerrier qui l’anime, ses nombreux récits de combats, les malheurs d’Élie, la courageuse persévérance du héros, tout cela