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V

LA LIONNE.


À ÉDOUARD CLUNET.


Dans une cage étroite, aux lourds barreaux de fer,
Avec ses trois petits, fils déchus du désert,
Sur le dos étendue, une lionne joue.
Comme fait une chatte, en l’air elle secoue
Sa patte lourde et rude, à la lutte appelant
Les jeunes lionceaux qui rampent sur son flanc.
Ceux-ci, mal affermis dans leurs sauts inhabiles,
S’épuisent autour d’elle en efforts inutiles,
Lui mordillent la queue, et le ventre, et le cou,
Prennent un grand élan, bondissent tout à coup,
Puis roulent lourdement, en poussant, de colère,
Ce cri, bien vague encor, qui deviendra tonnerre.