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LE MYSTICISME

III
LES SYMBOLISTES

Le phénomène que nous avons observé chez les préraphaélites se renouvelle chez les symbolistes français. Nous voyons un certain nombre de jeunes gens se réunir pour fonder sciemment et intentionnellement une école qui prend un nom particulier, mais qui, en dépit de maints caquetages obscurs et de tentatives ultérieures de mystification, n’a aucuns principes artistiques communs, aucune visée esthétique claire, et ne poursuit qu’un but inavoué quoique facile à reconnaître, — celui de faire du bruit dans le monde, d’attirer par l’étrangeté l’attention sur soi, et de parvenir de cette façon à la gloire et à la jouissance, à la satisfaction de tous les appétits et de toutes les vanités dont était remplie jusqu’au bord l’âme dévorée d’envie de ces flibustiers du succès.

Vers 1880 il y avait, dans le Quartier latin, un groupe d’ambitieux à peu près du même âge, qui se rassemblaient chaque soir dans le sous-sol d’un café du quai Saint-Michel ;