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LE MARCHAND

Que cent mille diables t’emportent, lourdaud, sot que tu es. Tu ne sais ce que vaut le moindre de ces moutons.

PANURGE

Benoît monsieur, vous vous échauffez, à ce que je vois. Bien ! tenez, voilà votre argent.

Panurge ayant payé le marchand, choisit, dans tout le troupeau, un beau et grand mouton et l’emporta criant et bêlant, tous les autres l’écoutant et semblablement bêlants et regardants de quel côté on emmenait leur compagnon.

Cependant le marchand disait à ses moutonniers : — Oh ! qu’il a bien su choisir, le chaland ! il s’y entend, le paillard ! Vraiment je le réservais pour le seigneur de Caudale, comme connaissant bien son naturel ; car il est tout joyeux quand il tient une épaule de mouton en main, bien séante et avenante comme une raquette gauchière. Alors, avec