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Passons maintenant à ces productions d’un autre genre, qui prouvent une grande souplesse d’esprit, une habitude d’observations à la fois critiques et gracieuses ; en un mot, une parfaite connaissance des mœurs du siècle, une étude approfondie du cœur humain. Parcourons dans plusieurs recueils à la mode, et notamment dans le Journal des Femmes, les nombreux articles dont chaque jour les enrichit Mme  Aragon. Suivons-la dans ses aimables délassements, et voyons-la peindre tour à tour avec âme, esprit et malice de bon ton : les Jeune France ; l’Histoire de la danse ; le Jugement des hommes sur les écrits des femmes ; la Nouvelle littérature ou les puissances d’argent ; la Politesse ; l’Instruction des femmes au dix-neuvième siècle ; l’Influence de la mode ; les Vieux habits ; la Folie ; les Célibataires ; les Soleils ; la Femme de bon sens… Lisons surtout, avec l’intérêt qu’il mérite, l’un de ses articles les plus récents : les Convenances qu’il faut observer dans le choix des sociétés, et l’importance de ce choix pour les mères de famille. Nous découvrirons à chaque page, à chaque mot, la touche délicate d’une femme de bien qui peint avec franchise, et qui s’abandonne à tout l’élan d’un noble cœur ; nous serons frappés de la vérité, de la brillante variété de ces divers tableaux de mœurs, où toutes les figures sont parlantes, toutes les poses des nombreux personnages naturelles ; en un mot, où la scène du monde est retracée avec une fidélité qui charme, étonne, entraîne, effraie, corrige en riant et rend meilleur… Qu’a fait de plus Mme  de Sévigné ?

Et pourtant, si vous abordez cette femme de talent et de mérite, si le hasard vous place auprès d’elle dans un cercle, vous croirez, à son extérieur simple et sans prétention, à sa conversation timide et réservée, que c’est une femme d’un mérite ordinaire, et qui n’a d’autre but que de ne pas être aperçue ; mais si vous parvenez,