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Mlle  AGIER-PRÉVOST,

morte à genève en 1825.


Cette dame était peut-être native de Lyon, où elle habitait en 1790, et où elle eut occasion de connaître Bonaparte, alors âgé de dix-neuf ans et sous-lieutenant d’artillerie. Il s’exerçait dans la littérature et concourut pour le prix proposé par l’Académie. L’éloignement qu’il montrait pour la dissipation et les plaisirs, son extrême réserve dans la société, son application constante à l’étude excitèrent l’intérêt de Mlle  Agier, déjà d’un âge avancé. Elle le vit souvent, et Bonaparte, après son départ de Lyon, écrivit quelquefois à celle qu’il avait pris l’habitude d’appeler sa bonne maman. Il ne l’oublia pas dans sa prospérité : traversant la Suisse en 1795, il s’écarta de sa route pour aller lui faire une visite à Lyon, ce qu’il fit encore une seconde fois, à son passage à Chambéry, après la bataille de Marengo. Différentes circonstances ayant altéré la petite fortune qui suffisait aux modestes besoins de Mlle  Agier, on lui conseilla d’avoir recours à la libéralité de son ancien ami, parvenu à cette époque au faîte des honneurs et du pouvoir. Une pareille démarche aurait trop coûté à son âme délicate et fière, et ce fut à son insu qu’une de ses amies lui obtint une pension de 6,000 francs. Peu de temps avant