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INTRODUCTION.

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Jamais les mille voix de l’opinion n’ont été plus unanimes qu’aujourd’hui en faveur des femmes. J’en rends grâce à mon siècle, quoique sa courtoisie m’épouvante. Il est, en effet, de la nature d’un pauvre peuple, que le torrent de la civilisation entraîne vers l’abîme où il doit périr, d’exalter avec un enthousiasme qui a quelquefois la verve du désespoir, toutes les joies dont il va être privé pour toujours. C’est l’éloquent adieu du pasteur à ses toits incendiés, du nocher à son vaisseau submergé par la tempête, de l’Arabe nomade à ses coursiers engloutis sous le sable du désert. Quelle était douce et propice au sommeil, la cabane paternelle où l’on avait été bercé de tendres soins et de chansons caressantes ! Comme il sillait sur les mers tourmentées, le bâtiment plus léger que l’air, qui riait à tous les orages, et qui emprisonnait en se jouant, dans les larges replis de ses voiles triomphantes, les démons courroucés de l’Océan ! Avec quelle ardeur il dévorait l’espace, le fier cheval, plus fin que la gazelle, pour chercher un noble péril ou pour y dérober son maître ! Tout cela, ce sont des chants de deuil et de regrets, qui s’exhalent sur des cendres et sur des débris. La seule corde de la lyre de l’humanité