pas, je cessai d’être la créature conquérante, langoureuse, coquette, envahissante ou passionnément et chrétiennement modeste que j’étais, que je me plaisais à être.
Un sentiment maternel ineffable m’attacha à l’enfant dont j’étais l’aînée d’un an, et dont souvent le charme farouche et la mystérieuse dureté m’avaient fait souffrir. Je ne cessai de ressentir et de refuser l’injure que le destin m’envoyait à travers elle. Ma mère, incapable de se contrôler, répandait des pleurs qui nous consternaient et nuisaient à l’énergie de l’enfant malade. Notre institutrice française, qui avait pour moi une prédilection accusée, me torturait par la préférence qu’elle persistait à me témoigner ; M. Dessus, maladroit dans sa tendresse inquiète et blessée, tenait à ma sœur des propos de piété, qui l’irritaient et suscitaient en son esprit une silencieuse appréhension. Les médecins, plus attachés à rassurer ma mère et à lui complaire qu’à imposer leur science, d’ailleurs indécise, tout enfin contribuait à désespérer ma raison, mon fraternel amour.
En octobre, de retour à Paris et en dépit des diverses opinions médicales chancelantes, ma mère, mise en face du froid ténébreux et d’une pluie persistante, décida que nous partirions pour le Midi. Une villa fut choisie à Monte-Carlo. La Méditerranée dont j’avais toujours rêvé, les jardins