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du rivage il faut joindre l’arome matinal de la rosée des nuits, partout encore en suspens et que l’azur s’assimile ; des effluves d’herbes et de pollens qui contaminent suavement l’intacte pureté de l’air, et de fines senteurs animales : plumages volants et pépiants, roitelets, chardonnerets, merles charmants et maladroits, fardeau de la délicate pelouse.

Le lac, en été, est un satin tendu, plus soyeux que l’éther, moins que lui cristallin. Le silence, dans cette atmosphère de turquoise crémeuse, formerait un bloc de compact azur, s’il n’était disjoint de moment en moment par le bourdonnement saccadé des bateaux à vapeur, qui semblent transporter d’une rive à l’autre l’impatience aventureuse, et l’exaucement des désirs.

Là j’ai vraiment connu la joie, visiteuse forcenée, archange tumultueux qui pénétrait en moi avec toutes ses ailes pour m’entraîner, trébuchante de radieux vertige, vers les régions illimitées de l’espérance.

— Continuité des choses, jeunesse des éléments, vous que j’ai contemplées avec