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Le temps passa, lugubre. Un soir on vint descendre,
Dans cette arène vaste et basse, votre cendre.
On mit un grand soleil autour de ce repos.
Comme un bouquet de lis déchirés, les drapeaux
Chez les rois arrachés, dans vos rudes conquêtes,
Fleurirent saintement le silence où vous êtes.

Et depuis, chaque jour, courbés, baissant le front,
Les hommes étonnés, muets, errent en rond,
Ainsi qu’une pensive et vague sentinelle,
Autour du puits où dort votre cendre éternelle.
— Quand meurent des héros, la piété des humains
Leur élève au sommet fascinant des chemins
Un tombeau clair, altier, imposant, qui s’érige,
Et marque hautement la gloire du prodige ;
Et le passant alors, surpris, levant les yeux,
Honore le front haut cet esprit radieux.
Mais vous, plus grand qu’eux tous dans la sublime histoire,
Vous avez cette étrange et solennelle gloire
Par qui tous les orgueils sont brisés tout à coup,
Qu’il faille se pencher pour regarder sur vous…