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Pour prix de ma fatigue et d’un cri sans écho,
Vous m’avez accordé plus de peines qu’aux autres ;
Je sentais vos faveurs au poids de mon fardeau,
Et je suis le plus las parmi tous vos apôtres !

Mais quelquefois le soir, quand l’univers s’est tu,
Quand, rompu par l’effort, le peuple humain sommeille,
Vous m’ouvrez dans l’espace un chemin revêtu
Du blanc scintillement des stellaires abeilles.
J’assemble sous mes mains les paradis perdus ;
Un musical silence éclate à mon oreille ;
Mon âme ressent tout sans en être étonnée,
Le serpent sous mon pied a sa tête inclinée.
Je touche un fruit secret que plus rien ne défend,
Et vous êtes mon Dieu, et je suis votre enfant…