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agrigente


Dans les lis, lourds de pollen brun,
Le bêlement mélancolique
D’une chèvre, ivre de parfums,
Semble une flûte bucolique.

— Donc, je vous vois, cité des dieux,
Lampe d’argile consumée,
Agrigente au nom spacieux,
Vous que Pindare a tant aimée !

Porteuse d’un songe éternel,
Ô compagne de Pythagore !
C’est vous cette ruche sans miel,
Cette éparse et gisante amphore !

C’est vous ces enclos d’amandiers,
Ce sol dur que les bœufs gravissent,
Ce désert de sèches mélisses,
Où mon âme vient mendier.

Ah ! quelle indigente agonie !
Et l’on comprendrait mon émoi,
Si l’on savait ce qu’est pour moi
Un peu de l’Hellade infinie ;