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LA PATRIE

Patrie, un mot, mais qui jusqu’aux moelles résonne,
Un mot, et cependant sainte et grande Personne,
Debout, la face au vent, les cheveux répandus.
Haute comme un brasier que l’ouragan tisonne.
Redoutable d’orgueil, montrant, le doigt tendu.
L’honneur gisant, ainsi qu’un Paradis perdu…

— Vous ne prévaudrez point contre cette Furie,
Contre cette Justice aux yeux exorbités,
Printemps, chant des oiseaux, calme de la prairie,
Suaves matériaux qui formerez l’été !

Nature ! en vain vos cris stridents et volontaires,
Votre panique joie explosent jusqu’aux cieux,
Vous ne troublerez pas ces veilleurs de la terre :
Il n’est pas de plaisir sans un cœur orgueilleux.

Plaisir, fierté, courage, éléments de la vie !
Principe de l’unique et du fécond attrait !
Lueur d’une âme, par l’autre âme poursuivie.
Baiser des animaux dans les sombres forêts !
Accourez, combattez, forces de la Nature,
Avec ces fiers soldats plantés dans vos labours.
— Victoire audacieuse, enlacez leur armure,
Et qu’ils aient plus d’honneur pour avoir plus d’amour !



Avril 1916.